Un autre regard sur l’ostéopathie

Constatant aujourd’hui une certaine inefficacité à long terme dans un certain nombre de nos traitements ostéopathiques, je me suis posé des questions. Pour beaucoup de patients, « remettre » un bassin ou une vertèbre en place, par un ostéopathe, peut paraître banal et efficace sur le moment mais est malheureusement souvent inefficace à long terme. 

En effet, un soulagement rapide peut être obtenu mais les douleurs reviennent fréquemment au bout de deux ou trois mois, voire de manière encore plus rapide pour certains. Et, pour nombre de patients cela fait des années qu’ils vont se faire « remettre » leur bassin. Cela revient à prescrire un médicament antalgique avec un effet supérieur. 

Une des explications est que ce sont essentiellement les symptômes qui sont pris en compte. Et donc, comme cela peut être aussi le cas en allopathie (= médecine conventionnelle), un traitement symptomatique leur est appliqué. Vous avez mal ici, voici tel antalgique. Et en ostéopathie, telle technique est appliquée. Cela est relativement fréquent dans nombre de thérapies différentes, et a, pour conséquence, volontaire ou pas, une dépendance du patient vis-à-vis de son thérapeute. 

En effet, lorsque la douleur revient et nous fait trop souffrir, nous cherchons une solution, même si celle-ci n’est que temporaire. 

Je tiens à préciser que la plupart des praticiens de santé font de leur mieux, mon souhait personnel est d’améliorer nos pratiques. 

J’ajoute qu’il y a de nombreuses situations où un traitement symptomatique est le meilleur compromis qui soit (par exemple quand l’usure d’une articulation est trop importante), ce qui peut amener à un accompagnement. Pour finir, rappelons aussi qu’il n’est pas toujours possible de trouver une solution au problème. 

Par conséquent, il me paraît essentiel pour une bonne relation entre patient et thérapeute, d’informer le patient et de discuter ensemble des soins proposés.

Tout cela m’amène à partager ici un autre regard sur l’ostéopathie

 
En ma qualité d’ostéopathe, la différence de thérapie que je propose est tout d’abord une différence de regard sur le problème. Je m’efforce d’avoir la vision la plus holistique possible, c’est-à-dire de prendre en considération l’ensemble de qui nous sommes afin de trouver l’origine du trouble et son adaptation dans notre être. 

Un problème peut, par exemple, être d’origine physique dû à un traumatisme, à des postures répétées, à un dérèglement métabolique (maladie, engorgement du foie…), à un problème émotionnel, etc. Les causes sont très variées. Par conséquent, si l’on se concentre sur la cause du problème, les traitements doivent aussi être très variés. 

Cela m’amène, pour un même symptôme, chez plusieurs patients, à les traiter différemment. Pour prendre encore un exemple, pour une douleur lombaire, je peux me concentrer aussi bien sur les intestins, que sur le bassin, la cheville, la tête… en fonction de l’origine présumée. Je ne reste pas uniquement sur l’endroit où se trouve la douleur, mais recherche plutôt l’endroit à l’origine de la douleur. 

Quand le corps présente une tension/un blocage, cela crée un déséquilibre qui finit par engendrer une douleur ou une gêne. Notre corps étant un organisme parfaitement au point, il va compenser la tension afin de gérer au mieux le déséquilibre. 

Il me paraît réducteur de croire, que le corps fait apparaître une douleur, une gêne, se fait « sauter une vertèbre » ou se « démet le bassin » par hasard. C’est la résultante d’un déséquilibre du corps qui finit par créer une douleur/gêne. Tout le travail du thérapeute est de chercher à comprendre l’origine du déséquilibre ainsi que son adaptation dans le corps. 

En tant qu’ostéopathes, nous pouvons, grâce à nos différents tests, voir apparaître tout un schéma et remonter petit à petit à la cause. En fonction de la cause, j’utilise la technique la mieux adaptée, qui peut être une simple prise en charge ostéopathique sur un plan mécanique, mais aussi un dialogue avec le patient à propos d’un trouble émotionnel, une réflexion sur des habitudes alimentaires, une orientation vers une autre thérapie plus adaptée…